mercredi 14 septembre 2016

Michael Morpurgo - Le roi Arthur

Un jeune garçon part de bon matin pour profiter de la marée d'équinoxe. Son but : rejoindre à pied les îles du Levant et en revenir. Malheureusement, il s'assoupit en chemin et lorsqu'il se réveille, la brume recouvre le paysage. Paniqué, il pense qu'il va se retrouver coincé avec la marée qui monte lorsqu'il entend un bruit de cloche qui se rapproche. Il se retrouve au chaud dans un bon lit. Un vieil homme avec une longue barbe le veille, il est accompagné d'un chien. Cet homme est le roi Arthur, et il va profiter de cette visite impromptue pour raconter son histoire au jeune garçon.


Pour qui connaît les histoires de la matière de Bretagne, ce livre n'apporte pas grand chose de nouveau. C'est une refonte (ambitieuse mais plutôt réussie) des histoires des plus célèbres chevaliers de la Table Ronde, adaptées pour la jeunesse. Le récit reste néanmoins dense et s'adresse à de bons lecteurs. On (re)découvre avec plaisir les aventures de Lancelot, Gauvain, Perceval et bien d'autres. Le triangle amoureux Lancelot-Arthur-Guenièvre est raconté avec talent. La passion en ce qu'elle a de tragique nous donne à croiser d'autres beaux personnages comme Tristan et Iseut. On est parfois un peu désorienté car les noms sont anglicisés (mais ils restent quand même assez transparents). Le récit d'Arthur gagne en intensité lorsqu'il évoque les événements qui l'ont touché directement mais devient un peu artificiel quand il s'agit de raconter les nombreuses aventures vécues par les autres. La forme (ce récit d'un personnage médiéval à un jeune garçon d'aujourd'hui) paraît un peu artificielle. Un resserrement de l'intrigue aurait permis de susciter davantage d'émotions et d'éviter quelques longueurs. Mais j'imagine que pour un adolescent curieux (si si, il en existe encore), c'est une bonne porte d'entrée vers l'univers arthurien.

dimanche 11 septembre 2016

Philippe Forest - Crue

Un homme parle, au nom de lui-même ou de quelqu'un d'autre, d'une révélation qu'il a pressentie à propos d'une énigmatique épidémie. Alors qu'il revient vivre dans la ville où il est né, il évoque les changements qu'a connus - et que continue de connaître - le quartier où il s'est installé. Lorsqu'un incendie embrase un immeuble non loin de chez lui, il fait la connaissance d'une femme et d'un homme. La première deviendra son amante ; le second lui livrera une étrange théorie sur le mouvement du monde et des êtres qui l'habitent.


Après la claque qu'avait représentée à mes yeux Le chat de Schrödinger, j'attendais avec impatience le nouveau "roman" de Philippe Forest (je mets le terme entre guillemets parce qu'il ne correspond pas vraiment à l'étiquette à donner aux livres de cet auteur). J'ai été plutôt déçue. Je ne peux pas dire que je n'aie pas aimé : l'auteur a un style fluide et ses réflexions sont plutôt intéressantes, voire passionnantes. Toutefois, j'ai trouvé le livre très long (trop long) à démarrer. J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de redites de ses précédentes publications (ce n'est pas nouveau parce que Philippe Forest poursuit une réflexion chaque fois approfondie au fil de ses différents livres, mais pour la première fois, cela m'a semblé répétitif et peu justifié par rapport au propos de l'ouvrage). Le début évoque l'évolution du paysage urbain, l'auteur étant soucieux de poser le cadre du récit qu'il va faire. C'est la solitude et l'isolement qui règnent en maîtres sur le récit. Beaucoup de choses justes sont dites, sans doute, mais le récit peine à prendre corps. A force de ne pas vouloir l'habiter, l'auteur ne parvient pas à lui donner une réelle consistance. Passé ce long préambule, la rencontre avec deux personnages - qui resteront eux aussi (et du fait de la volonté de l'écrivain) à l'état de silhouettes ébauchées - ne suffira pas à faire exister véritablement le récit. L'évocation à de nombreuses reprises du "caractère invraisemblable" de ce qui est raconté n'encourage pas non plus le lecteur à adhérer pleinement à l'histoire. Il reste toutefois des passages bouleversants et magnifiques : sur la mort de la mère du narrateur, qui est comme la répétition de celle de sa fille, sur le néant qui guette l'existence de tout être, sur l'irrémédiabilité de la perte, sur le monde qui se délite autour de cet homme à la dérive. Il y a les ingrédients pour faire un grand livre, mais c'est comme s'il était resté à l'état d'esquisse. La fiction est restée sur le pas de la porte et on se perd dans les méandres de réflexions qui, probablement, seraient mieux passées dans le cadre d'une fable pleinement assumée. Ainsi le roman que raconte l'auteur dans les dernières pages m'a paru troublant, j'ai bien compris la démonstration qu'il cherchait à faire et les étranges rapports entre le réel et la fiction qu'il cherchait à illustrer mais cela n'a pas suffi. L'impression de déréliction qui saisit le lecteur (et là encore, ce n'est pas un sentiment nouveau pour qui est un habitué de cet auteur) n'est malheureusement pas transcendée par la densité du propos. Le sentiment d'irréalité demeure, associé à celui de l'impuissance. On reste hébété, comme les spectateurs impuissants d'une apocalypse à venir que même les histoires qui nous accompagnent depuis toujours n'arrivent plus à sublimer. C'est finalement fort déprimant.

vendredi 9 septembre 2016

Aki Shimazaki - Wasurenagusa

Le tome 4 du Poids des secrets raconte l'histoire de Kenji Takahashi, le père adoptif de Yukio. Malgré l'insistance de son père et de sa mère à mettre le nez dans sa vie conjugale, Kenji tombe amoureux de Mariko. Comme il sait qu'il est stérile, il est heureux de pouvoir adopter son petit garçon de quatre ans afin d'avoir sa propre famille, même s'il doit pour cela couper les ponts avec ses parents.

Comme le montre la couverture, le titre désigne les fleurs de myosotis, dont le nom signifie littéralement "ne m'oublie pas". Cela vient d'une histoire du Moyen-âge : un chevalier avait voulu cueillir des fleurs au bord de l'eau à la demande de sa belle ; malheureusement le courant était rapide et il fut emporté, il lança les fleurs vers la jeune femme et lui dit ces mots avant de disparaître : "ne m'oublie pas".
Le récit est dans la suite des précédents ; il est intéressant d'y découvrir l'intériorité et les failles de chacun des protagonistes de l'histoire. On a beau changer de personnage, la permanence de motifs naturels (fleur, oiseau...) donne une belle unité à l'ensemble. On continue à découvrir les secrets qui parsèment ces existences. Une lecture toujours aussi touchante et agréable que les tomes précédents.

lundi 5 septembre 2016

Aki Shimazaki - Tsubame

Dans le tome 3 du Poids des secrets, on découvre les origines de la mère de Yukio et la raison pour laquelle elle ne les a jamais révélées à son fils. C'est l'occasion de revenir sur l'Histoire conflictuelle du Japon et de la Corée. C'est aussi le nouveau récit d'un drame familial, qui nous fait comprendre combien la pentalogie porte bien son nom.


En japonais, tsubame signifie "hirondelle". La présence de cet oiseau hante le texte, et son nom est aussi celui d'un des personnages déterminants de l'histoire. J'ai encore beaucoup apprécié ce troisième tome : on approfondit la découverte de la famille de Yukio, une famille  engluée dans les non-dits. Ces secrets qui rongent Mariko font retour de manière bouleversante, au détour d'une remarque de sa petite-fille. Avec beaucoup de délicatesse, l'auteure fait passer énormément de choses dans les silences de ses personnages. Il existe une harmonie extraordinaire entre la simplicité de l'écriture et la force des trajectoires de vies qui sont esquissées. C'est vraiment très beau.

samedi 3 septembre 2016

Jo Nesbo - Du sang sur la glace

Olav est un tueur à gages solitaire, dyslexique mais fan des Misérables et qui a tendance à prendre ses rêves pour des réalités. Quand Daniel Hoffmann, un des trafiquants les plus importants d'Oslo, lui demande de tuer son épouse, ce n'est plus un contrat parmi d'autres. D'autant plus qu'Olav va tomber amoureux de cette femme.


C'est le premier roman que je lis de cet auteur et j'avoue avoir été déçue. Olav est un personnage plutôt sympathique mais je n'ai pas réussi à éprouver de l'empathie à son égard. Il est trop déconnecté, je l'ai trouvé vraiment trop naïf. De même, j'ai eu un mal fou à rentrer dans l'histoire, à accrocher à ce qui se passait et à retenir les identités des différents personnages (et pourtant, il n'y en avait pas énormément, preuve que j'ai vraiment eu du mal). Je l'ai lu jusqu'au bout parce qu'il n'était pas bien long (172 pages), et j'ai bien fait parce que la fin est plutôt bien amenée et je me suis fait balader. Mais cette lecture ne restera pas gravée dans ma mémoire.

jeudi 1 septembre 2016

Jeff Kinney - Journal d'un dégonflé (tome 1)

Greg Heffley s'est fait offrir par sa mère un journal intime. Cela ne l'enchante guère : il est hors de question qu'il y inscrive ses états d'âme. Il va donc plutôt en faire un "carnet de bord", revenant au quotidien sur les événements qui jalonnent sa vie d'adolescent de 5ème.



Ce livre est léger et drôle. Greg Heffley est un ado dans toute sa splendeur. J'ai beaucoup aimé le ton "1er degré" du livre, agrémenté à chaque page de dessins mettant en relief la dimension comique et absurde des situations évoquées. Greg a le chic pour se mettre dans des situations pas très enviables et pour faire tomber à l'eau la plupart des projets qu'il entreprend. Pourtant il ne manque pas d'imagination (s'organiser un programme de musculation, créer sa propre maison hantée, devenir une personnalité populaire du collège...) mais il n'est pas aidé entre sa famille (peu compréhensive, comme le montrent nombre de situations qu'il évoque) et son ami Robert (un peu crétin à ses yeux et qu'il ne ménage pas). On prend plaisir à recomposer la réalité des faits puisque le point de vue de Greg est - c'est le moins qu'on puisse dire - partial. Une lecture-détente bien sympathique, sur un mode humoristique et loufoque.