Le pitch de départ du film est très encourageant : il y a un petit côté Des fleurs pour Algernon qui me rendait d'emblée enthousiaste ; et puis la perspective d'une réflexion (un peu) philosophique sur l'intelligence et son accroissement démesuré, l'utilisation que nous faisons de notre cerveau, Morgan Freeman, toussa toussa. Malheureusement, ça rend moins bien en vrai que sur le papier. Lucy est une jeune blonde écervelée (habillée en pupute) qui sort avec un mec ridicule (chapeau de cowboy, lunettes orange) et visiblement pas plus malin qu'elle. De façon assez incompréhensible et dégueulasse, il l'envoie
Bon j'arrête de résumer tout le film, ça ne me paraît pas satisfaisant. Alors en vrac : Scarlett est fascinante. Cette fille est vraiment belle à regarder, c'est mieux que ça, c'est hypnotique. Ne serait-ce que sa bouche. Mais je m'égare. Elle a là un rôle dans lequel elle se glisse parfaitement. Il y a une jolie scène quand elle est à l'hôpital et qu'elle appelle sa maman pour la remercier parce qu'elle se rappelle de toutes ses caresses, de ses baisers, même de son liquide amniotique. C'est un peu maladroit mais c'est touchant. Elle est épatante, Lucy, elle gère. C'est jouissif pour le spectateur de la voir prendre les choses en main. Mais alors il faudrait m'expliquer pourquoi elle n'a pas dézingué tous ces fichus Coréens quand elle en avait l'occasion. Parce que, oh my god !, les courses-poursuites à la Taxi, qu'est-ce qu'on s'en tape ! Les Coréens qui arrivent pour buter tout le monde, et qui poursuivent Lucy, et qu'on retient un peu, mais qui arrivent quand même et qui tirent sur tout ce qui bouge. C'EST CHIANT !!! C'EST PAS FIN !!! C'EST PAS INTERESSANT !!! TU ENTENDS, LUC ??? Moi je veux savoir ce à quoi cette intelligence en perpétuelle expansion va donner naissance. Je veux regarder Scarlett, sa rencontre avec Morgan, et tous les trucs passionnants qui vont en découler. Mais tout ce qui a été lancé jusqu'ici va retomber comme un soufflé. Tout ce que nous sert Luc Besson, c'est un défilé d'images aux couleurs saturées, un peu d'exotisme, sans queue ni tête. Dans la mesure où ce cas d'intelligence en expansion est inédit, ne nous privons pas de faire n'importe quoi avec de grossiers effets cinématographiques. Quid de la densité du propos ? Quid de la poésie visuelle ? (bon OK, c'est du Luc Besson mais je peux quand même rêver, il y avait de belles séquences dans Le Cinquième élément). Et on restera sur notre faim : certes, il y a une réflexion intéressante sur le temps, qui est la seule unité de mesure pour dire que quelque chose a existé, mais ça aussi, c'est très vite évacué. Par contre, on passe un temps fou à voir Lucy se transformer en un gros tas de mélasse noire qui mange des ordinateurs avant de se métamorphoser en clé USB (si si, je vous assure).
L'ensemble me laisse perplexe. J'ai l'impression d'avoir été prise pour une imbécile, comme si on avait voulu faire insulte à mon intelligence, comme si on ne m'avait pas nourrie à la mesure de ce que j'attendais. Et ça me met en colère précisément parce qu'il y avait du potentiel et qu'il faut malgré tout se contenter de médiocrité. Je ne comprends pas non plus pourquoi le médiocre est ce qui fonctionne le mieux à notre époque mais ça m'énerve profondément. Voilà, c'est dit.