Jocelyne Guerbette est une mercière d'Arras, une femme plutôt heureuse de son sort. Bien sûr, sa vie a connu des hauts et des bas mais maintenant que ses enfants sont grands, elle se consacre à sa mercerie, à son blog et à son mari, un peu rustre mais attentionné. Alors le jour où ses copines l'incitent à tenter sa chance au loto, elle ne s'attend pas du tout à empocher le gros lot. Dix-huit millions d'euros qui risquent bien de chambouler radicalement son existence. Mais en a-t-elle vraiment envie ?
En commençant ce roman, le style m'a fait un peu tiquer. Jocelyne est une femme un peu trop épatante pour être vraisemblable, elle m'a fait penser à la concierge de L'élégance du hérisson. Mais je me suis tout de même laissée séduire par le style. Au diable la vraisemblance : ces phrases au rythme harmonieux m'ont conquise et se lisent remarquablement bien. C'est comme une mélodie qui vous emporte. On s'attache donc à Jocelyne, on marche dans ses pas, on partage ses chagrins et ses petits bonheurs. C'est la fiction qui nous entraîne et on n'a rien envie de lui demander de plus. Jusqu'au moment où tout bascule. C'est amené très habilement et par petites touches alors je n'en dirai pas plus ici. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que ce roman m'a secouée et que je ne m'attendais pas à ça. J'ai aimé me prendre cette grande claque. J'ai aimé les références à Belle du Seigneur, les réflexions pleines de bon sens (qui m'avaient paru d'abord un peu faciles mais en fait, le regard que Jocelyne porte sur la vie m'a beaucoup touchée) sont ressorties comme empreintes de sagesse. Un roman percutant, réussi, qui m'a fait passé un moment de lecture plein de frissons.
Nue, si belle devant le miroir, il me semble qu’il suffirait juste de
battre des bras pour que je m’envole, légère, gracieuse. Que mon corps
rejoigne ceux des livres d’art qui traînaient dans la maison de mon
enfance. Il serait alors aussi beau qu’eux ; définitivement.
Mais je n’ose jamais.
Le bruit de Jo, en bas, me surprend toujours. Un accroc dans la soie de
mon rêve. Je me rhabille à la va-vite. L’ombre couvre la clarté de ma
peau. Je sais la beauté rare sous mes habits. Mais Jo ne la voit jamais.
Une fois, il m’a dit que j’étais belle. Il y a plus de vingt ans et
j’avais un peu plus de vingt ans. J’étais joliment vêtue, une robe
bleue, une ceinture dorée, un faux air de Dior ; il voulait coucher avec
moi. Son compliment eut raison de mes jolis vêtements.
Vous voyez, on se ment toujours.
Parce que l’amour ne résisterait pas à la vérité.
J'ai aimé malgré quelques petits bémols...
RépondreSupprimerC'est un joli roman (pour moi aussi quelques bémols mais il a remporté mon adhésion).
Supprimer