mardi 14 août 2012

Justine Lévy - Mauvaise fille

Après mon coup de cœur pour Rien de grave, le second livre de Justine Lévy ne m'aura pas longtemps résisté. Il s'agit une fois encore d'une autobiographie maquillée en roman mais qui est consacrée cette fois essentiellement au personnage de sa mère. Justine Lévy (enfin Louise, l'héroïne du livre) tombe enceinte alors que sa mère, déjà atteinte d'un cancer, est sur le point de mourir. Dans cet entre-deux étrange où elle s'apprête à devenir mère alors qu'elle est en train de perdre la sienne, elle revient sur la figure maternelle et sur tout ce qu'elle a présenté de failles : de la mauvaise mère à la mauvaise fille, elle se sent à son tour envahie par l'angoisse de devenir une mauvaise mère.


Pour Justine Lévy, l'écriture est une thérapie. C'est un peu comme si, à chaque fois que sa vie basculait, pour réussir à avancer, elle devait la mettre en mots. Chacun de ses livres est donc comme un cap de franchi, une victoire remportée sur les démons qui la guettent. Mais en passant par l'écriture, elle se réinvente à chaque fois. La Louise de papier n'est pas le reflet fidèle de l'auteure, mais déformé par la fiction, par la musique des phrases. C'est finalement cela qui est le plus intéressant. On ne lit pas Justine Lévy par voyeurisme (enfin pas moi en tout cas), mais pour voir comment elle se débat dans cet enchevêtrement de mots, comment elle métamorphose ses angoisses en phrases bien écrites et qui sonnent juste. Même si j'ai un peu moins aimé ce roman que le précédent, j'ai été touchée par ce portrait écorché et plein de tendresse qu'elle fait de sa mère ainsi que par les interrogations qui la hantent à propos de sa fille à naître. Et toujours, en toile de fond, la figure solaire et rassurante de Pablo (elle en a eu de la chance de le rencontrer, celui-là !). En tout cas, encore un beau livre avec des phrases qui vous font chavirer le cœur et qui vous invitent à réfléchir encore longtemps après l'avoir fini.

"Maman est morte, je suis maman. Voilà, c'est simple, c'est aussi simple que ça, c'est notre histoire à toutes les trois. Tu en mets du temps à raconter les histoires, je me disais quand elle me racontait une histoire dans mon lit. Là c'est allé vite, si vite, le regard de maman dans le regard de ma fille, c'est là qu'elle est, c'est là que je la retrouve, et dans ses gestes aussi, dans les gestes impatients, un peu brusques, de ma petite fille doublement aimée. Maman vit en Angèle qui court sur une pelouse interdite. Maman me parle et me sourit quand Angèle lance son regard de défi aux adultes qui la rattrapent et la grondent. Maman est là quand Angèle tombe et se relève aussitôt, les dents serrées, pour ne pas pleurer. Elle est dans le cri qu'elle ne pousse pas, dans sa petite grimace d'enfant crâne qui ne compose pas. Partout, dans mon enfant, ma mère a laissé son empreinte."

2 commentaires:

  1. j'avais été émue!(http://fibromaman.blogspot.fr/2011/03/justine-levy-mauvaise-fille.html)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour le lien. Je suis allée répondre sur ton blog.

      Supprimer