mercredi 4 juillet 2012

Bernard Lenteric - La nuit des enfants rois

Cela commence avec un programme informatique compliqué : "Créateurs de génies" dont l'objectif est de repérer les jeunes Américains ayant une intelligence extraordinaire. Ils sont sept à se démarquer, sept à être repérés par Jimbo Farrar alors qu'ils ne sont âgés que de cinq ans. Ils se croyaient seuls au monde mais ces jeunes surdoués vont être enfin réunis à l'âge de quinze ans. Pourtant, alors qu'ils se croyaient sauvés, leur vie à tous va basculer le soir de leur première rencontre à Central Park. Violemment agressés, les Sept vont mettre leur intelligence au service de la haine qui les consume.


L'intrigue de ce roman est drôlement bien ficelée et digne d'un bon Stephen King. J'ai aimé le parfum de tragédie qui règne dans le style d'écriture, ces petites phrases distillées par ci par là pour montrer que les événements vont se produire de manière inexorable. Le personnage le plus intéressant reste Jimbo Farrar : incroyablement intelligent (mais pourtant moins que les Sept), sa fascination pour les Sept le rend mystérieux et ambivalent, même si on tombe sous son charme dès les premières pages du livre. Ce qui m'a un peu gênée, c'est l'absence totale d'humanité des Sept qui fait qu'on reste finalement assez étrangers à leur combat, on a du mal à ressentir pour eux de l'empathie ou à les comprendre tant ils sont froids. Je pense que ça aurait pu constituer un plus pour les rebondissements du récit. Mais j'ai beaucoup aimé ce jeu du chat et de la souris, au point qu'on ne sait plus au bout d'un moment qui court après qui.

« Je leur ai parlé, Fozzy »
Silence.
« A tous les sept. »
Silence.
« Ils m’ont regardé de leurs grands yeux… »
En marchant, Jimbo s’était réfugié dans une zone d’ombre. Seuls ses yeux étaient vaguement éclairés. Un autre être humain présent à ce moment-là dans la salle souterraine n’aurait pas remarqué à quel point ce corps était dégingandé, maigre, maladroit.
Il aurait tout juste vu les yeux de Jimbo Farrar et compris alors à quel point il était fait d’intelligence pure, une fois dégagé de son corps d’adolescent monté en graine. Et il en aurait été fichtrement impressionné.
La vois de Jimbo provenant de l’ombre :
« Je leur ai dit la phrase que j’avais préparée. Celle-là seulement. Qu’est-ce que je pouvais leur dire d’autre ? J’avais déjà l’air assez fou de chuchoter ça à des enfants de cinq ans… Fozzy ?
- Oui, Jimbo ?
- Demande-moi ce que je leur ai dit.
- Qu’est-ce que tu leur as dit, Jimbo ?
- On ne dit pas : qu’est-ce que tu leur as dit. La forme interrogative correcte est : que leur as-tu dit ?
- Que leur as-tu dit, Jimbo ?
- Je leur ai dit : Vous n’êtes pas seul. Vous êtes sept.
- Ca fait deux phrases », dit Fozzy.

Jimbo sorti de l’ombre, avança de deux pas. Il paraissait vraiment très grand. Il acquiesça, s’immobilisa. Puis il acquiesça de nouveau, avec gravité, comme si Fozzy venait de faire là une découverte capitale.

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