L'autre n'est finalement que la somme des espoirs que j'ai placés en lui. En tant que tel, il n'a strictement aucun intérêt. En réalité, il est une enveloppe vide interchangeable avec un autre Autre. Je lui donne sa consistance, reflet de mes attentes et de mes envies. A la place de cette coquille dépourvue d'identité, je l'invente conforme à mes désirs, plus beau sans doute qu'il ne sera jamais. C'est à partir du moment où je lui refuse son individualité que je le rends réellement intéressant. J'en fais le plus séduisant des personnages : doté des qualités les plus remarquables, il est celui que je dois fréquenter pour donner une saveur nouvelle à la vie. C'est pour cela que la claque est douloureuse quand il déchoit. Au mépris de mes espérances (mais comment a-t-il pu oser ???), il descend de son piédestal et se vautre dans la piètre fange de sa banalité désenchantée. Je contemple médusée le pâle reflet de celui qui semblait tellement en valoir la peine. Peut-être qu'en l'écrasant de mon idéal, je ne lui ai laissé aucune chance si ce n'est celle qu'il a saisie : me décevoir. Qu'à cela ne tienne, un Autre prendra un jour sa place, qui en vaudra davantage la peine. L'ego est un drôle d'oiseau blessé, fragile et borné. Tantôt complètement à côté de la plaque, tantôt animé d'une soif de vivre à
N'empêche qu'en attendant, il faut balayer les débris épars de l'espoir et trouver de quoi rafistoler son vieux baluchon de rêves abîmés afin de reprendre la route, qui promet d'être longue encore.
Tu as des choses à me raconter toi...
RépondreSupprimerMais je te trouve très lucide, on se projette surtout soi-même dans l'autre... "Je l'invente conforme à mes désirs..." Tu as tout deviné ma belle!
Delphine
Yep, hâte de te recroiser sur la toile. Merci pour ce message, ma douce !
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