Deux premières pages ahurissantes, d'une sauvagerie à peine supportable. Les corps de deux enfants sauvagement assassinés, la mère qui découvre le carnage, la nounou qui a essayé de se donner la mort (sans succès). C'est là-dessus que commence le dernier roman de Leïla Slimani. Avant de revenir en arrière pour repartir du début : Paul et Myriam qui prennent une nounou pour que Myriam puisse reprendre une activité professionnelle, elle qui étouffe à élever ses deux enfants pendant que son mari part travailler. Et pourtant, Louise trouve très vite sa place dans cette famille, une vraie fée du logis, à se demander comment la vie était possible avant, sans elle.
On lit ce livre sous tension, et il ne pourrait en être autrement après le choc provoqué par les deux premières pages. Il a beau n'y avoir aucun suspense, le fait de connaître la scène de carnage vers laquelle tend le récit nous tient en haleine. On a envie de savoir ce qui s'est passé, comment s'est noué le drame. Le livre est aussi extrêmement intéressant parce qu'il nous propose une lecture sociologique implacable des rapports entre les personnages. C'est glaçant et affreusement déprimant. Personne n'est épargné. La peinture de chacun dans son mépris de classe, dans ses errements psychologiques, les malentendus et la montée du malaise. De plus en plus perceptible. Tous les ingrédients de la tragédie sont là, jusqu'à l'horreur la plus insoutenable. Bon je me répète mais vraiment, j'ai lu ce livre en apnée (certes parce que c'était bien mais aussi parce que c'était malsain et que j'avais hâte d'en finir). Du coup, je suis un peu sonnée, et j'aurais du mal à dire si c'est génial ou s'il vaudrait mieux brûler cet ouvrage affreux qui ne met en avant que la part la plus sombre des personnages. A lire si on a le cœur bien accroché, et en prévoyant un beau roman derrière pour (essayer de) nous redonner foi en l'humanité.
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