jeudi 14 juin 2012

Tim Burton - Dark shadows

Cela fait déjà quelques années que Tim Burton faiblit. Son cinéma a perdu de sa superbe parce qu'il peine à trouver de nouvelles sources d'inspiration. Si on ne garde que le fil ténu commun à chaque trame, on a un héros hors du commun (le plus souvent Johnny Depp), une jolie blonde (qui va mourir ou presque) qui fait battre son cœur et un univers onirique mi-effrayant, mi-fascinant qui flirte avec le rêve et la mort. Ça marche aussi bien pour Edward aux mains d'argent que pour Sleepy Hollow, Big Fish, Sweeney Todd ou Alice au pays des merveilles et pour les films d'animation comme L'étrange Noël de M. Jack ou Les noces funèbres.

Si Edward aux mains d'argent et Big Fish témoignent du génie incontestable de Tim Burton, ses dernières œuvres m'ont laissée de marbre. Alice au pays des merveilles est tellement aseptisé qu'il en devient grotesque. La version de Disney est mille fois plus fantaisiste et réussie. Au mieux, on s'extasie devant les jolis décors ; au pire, on soupire devant le jeu devenu lassant de Johnny Depp. J'ai de plus en plus de mal à voir où Tim Burton cherche à nous emmener : ni tristes ni drôles, ses films jouent sur un mélange de genre qui leur sied mal et peinent à trouver un ton juste. Alors on me dira : c'est Tim Burton, c'est unique. Unique oui, magique non.

Mais observons de plus près le dernier en date : Dark Shadows.
Le pauvre Barnabas Collins (Johnny Depp) n'ayant pas rendu son amour à la diabolique Angélique (Eva Green), celle-ci le lui fait payer en tuant ses parents, en faisant s'écraser au bas d'une falaise sa bien-aimée et en le transformant en vampire que les villageois vont enterrer vivants. Rien que ça.
Puis l'on se retrouve dans les années 1970 : une très jolie jeune fille sortie de nulle part : Victoria (Bella Heathcote), visiblement en décalage avec les jeunes de son âge (des hippies fumeurs de joints so happy), se rend dans un manoir sorti d'un autre temps pour être engagée comme gouvernante. La beauté fragile de l'actrice et la BO ne semblent alors augurer que du bon. L'arrivée dans la ville de Collinwood est elle aussi prometteuse : cette lumière unique propre aux films de Tim Burton, cette façon si poétique de mélanger les genres... Mais très vite, la mayonnaise cesse de prendre. Au manoir où nous avons suivi Victoria, les descendants de Barnabas se veulent une famille haute en couleurs. L'ado en pleine crise, le petit garçon orphelin de sa mère mais qui continue à la voir, la psy dont on ne sait pas trop à quoi elle sert (Tim Burton a d'habitude de meilleures inspirations pour les rôles qu'il donne à sa femme)... et dans ce joyeux bordel va refaire surface notre Barnabas, déterré par inadvertance par des ouvriers de chantier qui le paieront de leur vie.
On imagine aisément qu'Angélique n'est pas loin et qu'elle va revenir tourmenter ce cher Barnabas : le film raconte donc leurs affrontements sur fond de querelles familiales seulement esquissées. Il semblerait que Tim Burton cherche à nous faire rire en faisant de Barnabas un Jacquouille du XXème siècle.

Pour ma part, j'ai trouvé cela assez ennuyeux : les scènes qui se veulent amusantes nous font au mieux sourire, les personnages sont traités de manière beaucoup trop superficielle alors qu'il y aurait eu matière à leur donner de la profondeur. Du coup, aucun d'entre eux n'est véritablement attachant. Aucune émotion véritable ne se dégage de ce film. A la sortie du cinéma, sentiment de profond gâchis : comment peut-on réaliser un film esthétiquement réussi sans qu'il ait une once d'âme ? C'est le pari que relève aujourd'hui Tim Burton, confirmant la contre-performance d'Alice au pays des merveilles. Dommage.

2 commentaires:

  1. J'ai été le voir, je cherchais à lire l'heure sur sa montre tellement je m'ennuyais...!

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    1. Je vois que je ne suis pas la seule à avoir éprouvé cela (sauf que moi, je regardais l'heure sur mon téléphone^^).

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